Bien-être et équilibre
par Roberta Cecchetto
L’Ayurveda, littéralement Science de la Vie ou l’art de vivre en bonne santé, est considérée comme la plus ancienne médecine holistique connue au monde. Née en Inde il y a environ 5000 ans elle a été élaborée par des sages indiens et transmise oralement de génération en génération.
L’Ayurveda
considère l’être humain comme un tout, où corps, âme et esprit
sont indissociables.
Une des théories plus importantes sur laquelle se base l’Ayurvéda est celle des 5 éléments : la terre (solide et stable), l’eau (doux et liquide), le feu (chaud et pénétrant), l’air (sec et mobile), l’éther ou espace (subtil).
- La terre (Prithivi) est l’élément solide et stable. Elle forme les os, les muscles, les ongles, les cartilages, les cheveux. Son sens est l’odorat.
- L’eau (Apas) circule partout dans le corps. Elle entretient tous les fluides et réside principalement dans le goût.
- Le feu (Agni) est le principe digestif. Il est relié à la vue
- L’air (Vâyu) est l’espace en mouvement. Il est lié au sens du toucher, à la peau. Il crée la vitalité dans l’organisme.
- L’espace ou l’éther (Akâsha) sert de support à la matière. Il siège dans tous les canaux subtils, les nadis. Il est le lieu où voyage le son, la vibration.
Ces éléments se trouvent dans tout l’Univers, dans le monde minéral, végétal, animal et évidement humain, ils existent en proportions différentes et ils sont en changement perpétuel. Le corps humain est donc l’interaction de ces cinq éléments qui en se combinant donnent naissance aux trois humeurs, ou doshas :
VATA, PITTA et KAPHA.
Ils représentent les trois dynamiques du corps humain. Dosha signifie en sanskrit « ce qui change », il s’agit d’une force de vie primaire ou humeur biologique qui bouge dans un mouvement permanent. La constitution de l’être humain est déterminée lors de sa conception en fonction des doshas de ses parents, de l’environnement, de l’époque de l’année, des astres, la santé psychique de la mère durant la grossesse, ainsi que par les circonstances de la naissance. Et c’est à la naissance que la constitution est identifiée. Elle restera la même jusqu’à la fin de la vie. On l’appelle « la nature » ou PRAKRITI. Elle est une sorte de code génétique. Cependant, la combinaison des éléments qui gouvernent les changements physiologiques, psychologiques et émotionnels est sans cesse modifiée par les facteurs environnementaux, les régimes alimentaires, les comportements.
L’Ayurvéda
enseigne comment vivre en accord avec sa propre nature et maintenir
l’équilibre des doshas.
Les doshas ne sont pas perceptibles, si ce n’est à travers le fonctionnement correct des fonctions vitales. Quand l’organisme est en équilibre, ses différentes parties sont en accord entre eux : les tissus fonctionnent bien, les déchets sont produits de manière adéquate et ils sont évacués proprement de l’organisme, sans créer des toxines (ama) qui risquent de provoquer des maladies ; tout symptôme ou dysfonctionnement est la manifestation d’un blocage ou d’un déséquilibre d’un ou plusieurs doshas. Connaître son dosha dominant permet de travailler sur soi, en prenant en compte ses points faibles, pour trouver l’harmonie et être en bonne santé.
L’ALIMENTATION
La nourriture aussi est composée des 5 éléments : ils sont digérés par des enzymes dans le système digestif et, suite à une transformation, ils sont assimilés par les tissus et les organes.
Dans l’Ayurveda la nourriture est sacrée. Cette médecine base le régime alimentaire sur la physiologie humaine et sa capacité digestive, afin d’établir un équilibre physique, mental et émotionnel capable de prévenir les maladies.
Mais surtout elle souligne le rapport que l’homme est capable d’établir avec les aliments, afin de se nourrir ou se soigner. Ce qu’il est important de comprendre ce n’est pas simplement quoi manger, mais aussi quels aliments choisir en fonction de nos conditions physiques (constitution personnelle, attitude du moment), environnementales, saisonnières et aussi comment les préparer, quelles interactions ils ont entre eux, quels sont leurs apports en énergie, leurs effets sur la digestion. Tous ces éléments influencent la valeur nutritionnelle pour le bien-être de l’individu.
Dans le domaine de la nutrition ayurvédique l’équilibre peut être atteint grâce à la maîtrise des 6 saveurs (rasa) : cette synergie consiste en une harmonie culinaire qui vise à maintenir ses forces vitales. Les saveurs ont le pouvoir d’équilibrer ou de déséquilibrer nos énergies. Les voici :
SUCRÉE,
SALÉE, ACIDE, AMER, ASTRINGENTE, PIQUANTE
Le sucré construit et renforce les tissus du corps, anime une sensation de plaisir et de satisfaction, est bon pour la peau, les cheveux et les sens. On le trouve dans les sucres simples (fruits, légumes, lactose), les féculents (céréales), les huiles et les graisses. Consommés en excès, ces aliments peuvent toutefois provoquer obésité, digestion difficile, diabète ou tumeurs malignes…
Le salé augmente l’activité digestive et la salivation, lubrifie et améliore le goût. On trouve le goût salé dans les sels minéraux et les produits de la mer. L’abus de sel, peut entraîner déshydratation, problèmes de la peau, troubles sanguines et perte de force
L’acide est bon pour le cœur, il facilite la digestion et l’élimination. On trouve le goût aigre dans les fruits acides (agrumes, baies, fraises, prunes), les légumes acides (tomates, épinards), le vin et les aliments fermentés. S’ils sont consommés en excès, ces aliments peuvent entraîner étourdissements, démangeaisons ou irritations, pâleur, gonflements, soif et fièvre…
L’amer détoxifie et purifie, il est connu pour soigner les bactéries, les parasites, la soif, les maladies de la peau, les fièvres, les nausées et les sensations de brûlure. On le trouve dans les aliments comme ail, radis, concombre ou dans les épices comme la cardamome, le clou de girofle, la coriandre, le cumin. Consommés en excès, les aliments au goût amer peuvent épuiser les tissus.
L’astringent nettoie le sang, guérit les ulcères (rupture d’une muqueuse provoquée par un processus inflammatoire, infectieux ou malin) et absorbe l’eau. On trouve le goût astringent dans les grenades, les pois chiches, les choux, les carottes crues, les avocats… Consommés en excès, ces aliments peuvent entraîner des gaz, amaigrissement et constipation.
Le piquant est un bon stimulant pour l’appétit et la circulation sanguine, Les aliments piquants comprennent l’oignon, les aromates et beaucoup d’épices. Consommés en excès sont déshydratants et peuvent entraîner inflammations, gastrites.
Dans un régime ayurvédique les six saveurs devraient être présentes en même temps dans chaque repas, en proportions différentes, car leurs actions physiologiques spécifiques doivent être équilibrées. Idéalement il faudrait avoir 85% du goût sucré, 9% astringent, 2,5% acide, 2% amer, 1% piquant et < 1% salé. La séquence de consommation des aliments est également très importante, car permet à la fois d’avoir une digestion correcte et une assimilation optimale des nutriments. En générale il faudrait commencer un repas avec le goût acide, car cela stimule les sucs gastriques en préparant le système à une bonne digestion. Le goût principal devrait être doux, de préférence en forme solide (céréales, légumes) et en quantité supérieure par rapport aux autres aliments. Les goûts piquant, amer et astringent devraient se trouver au milieu du repas, car le premier a une action pénétrante, l’amer est léger, l’astringent digestif. Niveau quantité : les deux quarts de ce que nos paumes de mains peuvent contenir devrait être de nature solide, un quart de nature liquide et le dernier quart devrait rester vide pour aider les mouvements péristaltiques des organes de digestion (contractions muscles).
La cuisine ayurvédique privilégie le régime végétarien : une assiette complète et équilibrée comporte souvent une céréale, une légumineuse, un légume cuit et un légume cru.
Conseils comportementaux
- Manger suffisamment, mais non à sa faim, idéalement il faut laisser 25% de l’estomac vide, pour laisser la place aux aliments de se déplacer et de se digérer
- Manger quand on a faim, c’est à ce moment-là qu’on a le plus de sucs gastriques pour digérer les repas. Il faudrait attendre que le feu digestif réclame la nourriture et ne pas manger juste par habitude.
- Mangez ce qui nous fait du bien, le rôle réconfortant et satisfaisant de la nourriture est très important. Ainsi qu’un cadre calme et sécurisant, l’absence d’émotions fortes ou de tensions.
- Prendre son temps, ne pas manger en moins de 20 min. Regarder son plat avant de commencer à manger, la salivation prépare la digestion. L’Ayurvéda considère que les problèmes de digestions sont responsables de 80% des maladies.
- Manger frais, de saison, en respectant les cycles de la nature et de ses propres besoins (pourquoi manger des tomates en hiver, alors que dans la saison froide nous avons besoin d’aliments épais, qui nous enracinent, comme le potimarron et les pommes de terre. Laissons à la saison chaude les aliments gorgés d’eau comme les courgettes, les melons et justement les tomates). Ce choix de produits permet de garder un bon niveau d’énergie dans son corps, on se sentira légers et calmes.
« Est appelé Ayurvéda la science qui décrit ce qui est utile et ce qui est nuisible, ce qui est agréable et ce qui est douloureux, ce qui est bénéfique et ce qui ne l’est pas, la longueur de la vie et la vie même »
Charaka (le légendaire médecin errant)
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